EMBOLISATION UTERINE
L’embolisation utérine est un traitement mini-invasif indiqué pour traiter les symptômes liés aux myomes utérins ou à l’adénomyose, sans ablation de l’utérus (hysterectomie).
L’embolisation utérine est un traitement reconnu par la société de gynécologie obstétrique comme une alternative à la chirurgie (myomectomie) dans le cas des myomes utérins symptomatiques. L’embolisation utérine est également une alternative plus récemment appliquée au traitement de l’adénomyose.
Myome / Fibrome / Léiomyome utérin : Qu’est-ce que c’est ?
Les fibromes ou myomes utérins sont des tumeurs bénignes utérines fréquentes, retrouvées chez 20 à 25% des femmes en âge de procréer. Ils correspondent à une prolifération bien limitée, généralement arrondie, de cellules de la paroi musculaire de l’utérus, appelée myomètre.
Leur évolution est influencée par le taux d’hormones, ils peuvent ainsi croître pendant les grossesses, et régresser après la ménopause.
Les myomes sont classés selon leur localisation anatomique :
- Sous-muqueux : bombant dans la cavité utérine, sous la muqueuse (5-10% des fibromes)
- Intra-mural / interstitiel : développé dans la paroi utérine
- Sous-séreux : bombant sous la séreuse utérine, dans l’abdomen, déformant la paroi externe de l’utérus.
Source : ARS Île de France, site : https://www.iledefrance.ars.sante.fr/
Le fibrome peut être unique ou multiples, on parle d’utérus polymyomateux.
Il est estimé que 25 à 50% des femmes ayant des myomes présentes des symptômes.
Les symptômes principaux sont :
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Méno-métrorragies : saignements abondants pendant et en dehors des règles. C’est le symptôme le plus fréquent puisqu’il affecte environ 30% des femmes ayant des fibromes. Ces saignement chroniques peuvent parfois entrainer une anémie ferriprive (baisse du taux d’hémoglobine)
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Douleurs pelviennes et dysménorrhées (règles douloureuses)
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Signes fonctionnels urinaires (brulûres, envies pressantes), constipation, par effet de masse des fibromes sur la vessie ou sur le rectum
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Augmentation du volume de l’abdomen (lié au volume des fibromes)
Diagnostic :
Le diagnostic est suspecté cliniquement, mais il doit être confirmé par imagerie afin d’éliminer un diagnostic alternatif et de guider le traitement.
Ainsi, une échographie pelvienne permet de faire la cartographie des myomes mais une IRM pelvienne est nécessaire avant toute embolisation. Elle confirmera l’absence d’atypie des myomes et précisera leur localisation anatomique, afin de guider au mieux le traitement.
Traitements :
Le gynécologue de ville, le radiologue et le chirurgien gynécologue travaillent ensemble afin de proposer le traitement le plus adapté à chaque patiente.
Plusieurs traitements peuvent être proposés :
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Le traitement médical par contraception peut permettre une amélioration des symptômes. Il est souvent réalisé en première intention.
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En cas de fibrome uniquement sous-muqueux, un traitement chirurgical par hystéroscopie sera le plus souvent proposé.
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En cas de fibromes intra-muraux, la myomectomie par laparotomie ou l’embolisation peuvent être proposées. Lorsque le nombre de myomes est important, seule l’embolisation permet le traitement simultané de tous les myomes.
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Un traitement combiné par chirurgie (hystéroscopie) et embolisation peut parfois être décidé, selon la localisation des myomes.
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En l’absence de désir de grossesse et suivant les désirs de la patiente, une hystérectomie (retrait de l’utérus) peut-être proposée par le chirurgien. Il s’agit du traitement historique et le plus radical en cas de fibromes symptomatiques.
Traitement par embolisation :
L’embolisation utérine pour fibromes utérins est un traitement mini-invasif, réalisé par le radiologue interventionnel, sous sédation légère, dans un bloc opératoire de radiologie interventionnelle.
L’objectif de l’intervention est de boucher les artères utérines (droite et gauche) par des microparticules non résorbables biocompatibles (petites billes), très fines (500 à 700 micromètres de diamètre), afin de dévasculariser durablement les myomes. Ainsi privés d’apport en sang oxygéné, les myomes vont se nécroser et régresser. L’embolisation est efficace simultanément sur tous les myomes utérins lorsqu’ils sont multiples. L’utérus sain lui reste vascularisé.
L’intervention peut être réalisée par une voie d’accès artérielle radiale (ponction au niveau poignet) ou par une voie d’accès fémorale (ponction au pli de l’aine), après anesthésie locale.
Le déroulement de l’intervention est indolore et la patiente reste éveillée. On procède grâce à un cathéter et à un micro-cathéter à l’embolisation des artères utérines gauche et droite dans le même temps. La durée de l’intervention peut varier selon l’anatomie de chaque patiente, mais elle est le plus souvent inférieure à une heure.
En fin d’intervention, le point de ponction artériel est occlus par un dispositif de fermeture percutanée. Il n’y a pas de cicatrice.
En cas d’abord fémoral, il est possible de se mettre debout 4h après l’intervention.
Résultats :
L’embolisation permet la diminution des saignements liées à aux fibromes dès les premières semaines post-opératoires. Le succès clinique est compris entre 81 et 94% d’efficacité pour l’efficacité sur les saignements (1).
L’embolisation permet également une réduction en volume de l’utérus et des fibromes (environ 30 à 50% de diminution en taille), réduisant les symptômes liés à la compression par les fibromes (gonflement de l’abdomen, brulures urinaires et constipation lorsqu’ils sont dus aux fibromes utérins).
Les résultats sont durables, et moins de 10% des patientes auront besoin d’une nouvelle embolisation ou d’une chirurgie dans les années suivant l’intervention.
Post-opératoire :
Dès la fin de l’intervention, des médicaments antalgiques sont administrés par voie intra-veineuse par l’équipe d’anesthésie pour prévenir l’apparition des douleurs liées à l’embolisation.
Nous suggérons une hospitalisation d’une nuit après l’intervention, pour permettre l’administration optimale des médicaments antalgiques par voie intra-veineuse et une meilleure surveillance par l’équipe médicale et paramédicale.
Les douleurs post-opératoires pelviennes apparaissent généralement dans les 24 premières heures, puis régressent grâce au traitement antalgique bien conduit (associant anti-inflammatoires et morphiniques).
Un arrêt de travail de 10 à 15 jours est recommandé.
Une consultation de suivi à 3 mois avec le radiologue interventionnel est programmée, de même qu’une IRM pelvienne de contrôle à 6 mois.
Complications :
L’embolisation utérine est une technique sûre, avec un faible taux de complication, < 3% (2).
Cependant, certains évènements indésirables doivent être connus de la patiente :
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La possibilité d’un hématome au point de ponction, qui régresse dans les jours qui suivent l’intervention.
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Un « syndrome post-embolisation » peut parfois survenir, associant un fébricule (T°C entre 38° et 38,5°C) et des douleurs pelviennes prolongées, jusqu’à 2 à 3 semaines post-embolisation. Cela est dû à la nécrose des myomes, et cela n’est pas inquiétant. Le « syndrome post-embolisation » régresse bien avec un traitement anti-inflammatoire, prescrit une fois qu’une infection aura été éliminée.
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Rarement, les saignements utérins peuvent être transitoirement majorés (durant les premières semaines) en raison de l’élimination de l’adénomyose.
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La survenue d’une infection utérine après une embolisation est exceptionnelle, mais sera recherchée en cas de fièvre (38,5°C) ou de pertes anormales notamment nauséabondes.
Références :
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Cornelis et al. Treatment of adenomyosis, abdominal wall endometriosis and uterine leiomyoma with interventional radiology : A review of current evidences
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ZhouJ,HeL,LiuP,DuanH,ZhangH,LiW,etal. Outcomes in adenomyosis treated with uterine artery embolization are associated with lesion vascularity : along-termfollow-upstudyof252cases.PLoSOne2016;11:e0165610.
