Adénomyose - de quoi parlons nous ?
Il s’agit d’une pathologie utérine bénigne, causée par la présence anormale de glandes endométriales (présentes normalement dans la muqueuse utérine tapissant la cavité utérine) au sein du myomètre (paroi musculaire de l’utérus).
Cette atteinte peut se traduire par différents symptômes :
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Dysménorrhées : douleurs anormales pendant les règles
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Ménorragies : saignements abondants pendant les règles-Douleurs pelviennes chroniques
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Infertilité
L’adénomyose peut être diffuse à l’ensemble de l’utérus, ou localisée, on parle alors d’adénomyome.
Diagnostic
Le diagnostic est suspecté cliniquement par la présence de symptômes mais il doit être confirmé par l’imagerie avant tout intervention :
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Échographie pelvienne : C’est l’examen de première intention devant des symptômes gynécologiques. Elle permet le plus souvent de mettre en évidence l’adénomyose, mais aussi la présence de pathologies associées, comme les myomes et l’endométriose
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IRM pelvienne : elle est nécessaire avant le traitement par embolisation. L’adénomyose se traduit par un épaississement de la zone jonctionnelle, situé entre l’endomètre et le myomètre.
L’adénomyome prend la forme d’une boule, plus focale. L’adénomyose peut s’associer à d’autres pathologies utérines, comme les myomes ou l’endométriose.
Traitement par embolisation
L’embolisation utérine pour l’adénomyose est un traitement mini-invasif, réalisé par le radiologue interventionnel, sous sédation légère, dans un bloc opératoire de radiologie interventionnelle.
L’objectif de l’intervention est de boucher les artères utérines (droite et gauche) par des microparticules non résorbables (petites billes), très fines (500 à 700 micromètres de diamètre), afin de dévasculariser durablement l’adénomyose ou l’adénomyome. L’adénomyose va ainsi se nécroser et régresser. L’utérus sain reste lui vascularisé.
L’intervention peut-être réalisée par une voie d’accès artérielle radiale (ponction au niveau poignet) ou par une voie d’accès fémorale (ponction au pli de l’aine), après anesthésie locale. La durée de l’intervention peut varier selon l’anatomie de chaque patiente, mais elle est le plus souvent inférieure à une heure.
Il n’y a pas de cicatrice.
En fin d’intervention, le point de ponction artériel est occlus par un dispositif de fermeture percutanée.
Quelles suites post-opératoire ?
Dès la fin de l’intervention, des médicaments antalgiques sont administrés par voie intra-veineuse par l’équipe d’anesthésie pour prévenir l’apparition des douleurs liées à l’embolisation.
Nous suggérons une hospitalisation d’une nuit après l’intervention, pour permettre l’administration optimale des médicaments antalgiques par voie intra-veineuse et une meilleure surveillance par l’équipe médicale et paramédicale.
Les douleurs post-opératoires pelviennes apparaissent généralement dans les 24 premières heures, puis régressent grâce au traitement antalgique bien conduit (associant anti-inflammatoires et morphiniques).
Un arrêt de travail de 10 à 15 jours est recommandé.
Une consultation de suivi à 3 mois avec le radiologue interventionnel est programmée, de même qu’une IRM pelvienne de contrôle à 6 mois.
Quels résultats ?
L’embolisation permet la diminution des saignements et des douleurs liées à l’adénomyose dès les premières semaines post-opératoires, mais les résultats sont maximaux à 6 mois. En cas d’adénomyose, les études récentes montrent un succès clinique chez 60 à 70% des patientes et un taux de satisfaction des patientes entre 72% et 94% (2,3).
Les bénéfices de l’embolisation sont durables, avec une majorité des patientes étant asymptomatiques plusieurs années après l’intervention (76% des patientes sont asymptomatiques 3 ans après l’intervention dans une étude (4)).
L’embolisation de l’adénomyose est également efficace lorsqu’elle est associée à la présence de myomes utérins.
Les études montrent également une régression du volume utérin jusqu'à 50 % (5).
Quels risques ?
L’embolisation utérine est une technique sûre, avec un faible taux de complication, < 3%.
Cependant, certains évènements indésirables doivent être connus de la patiente :
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La possibilité d’un hématome au point de ponction, qui régresse dans les jours qui suivent l’intervention.
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Un syndrome post-embolisation peut parfois survenir, associant un fébricule (T°C entre 38° et 38,5°C) et des douleurs pelviennes. Le syndrome post-embolisation régresse bien avec un traitement anti-inflammatoire.
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Rarement, les saignements utérins peuvent être transitoirement majorés (durant les premières semaines) en raison de l’élimination des myomes.
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La survenue d’une infection utérine après une embolisation est exceptionnelle, mais sera recherchée en cas de fièvre ou de pertes anormales notamment nauséabondes.
Embolisation et fertilité, que faut il savoir ?
Jusqu’à récemment, la fertilité chez les femmes ayant bénéficié d’une embolisation était méconnue, car peu d’études avaient étés réalisées sur le sujet.
Récemment, plusieurs auteurs ont publié des résultats montrant que le taux de grossesse obtenu chez des femmes embolisées pour myomes utérins était similaire à celui des femmes traitées par chirurgie (myomectomie).
Dans certaines situations, le traitement des myomes pourrait même améliorer la fertilité puisque les myomes bombant dans la cavité utérine (myomes avec une composante sous-muqueuse principalement) peuvent altérer la nidation de l'embryon et être à l’origine de fausse couches (au 1er trimestre principalement).
Ainsi une étude randomisée publiée en 2022 (FEMME (7)), a comparé la fertilité chez des femmes souffrant de myomes symptomatiques traitées par embolisation ou polymyomectomie. 254 femmes ont été enrôlées, et aucune différence statistique n’a été mise en évidence entre le nombre de grossesse survenues chez les femmes traitées par embolisation comparativement aux femmes traitées par polymyomectomie.
De la même manière, aucune différence statistique entre les taux d’hormone féminine après traitement n’a été mis en évidence entre les deux groupes. Ainsi l’embolisation semble aujourd’hui être une technique aussi sûre que la polymyomectomie pour la fertilité.
Le risque principal sur la fertilité posé par l’embolisation est la présence inconstante de communications entre les artères utérines et ovariennes, présentes chez environ 10% des patientes. Si cette communication est présente et visualisée pendant l’intervention, elle est « protégée » afin que les microparticules envoyées dans les artères utérines n’atteignent pas les ovaires.
Le risque d’aménorrhée (arrêt des règles) après une embolisation est ainsi très faible, et limité quasi-uniquement aux patientes de plus de 45 ans.
Références :
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Cornelis et al. Treatment of adenomyosis, abdominal wall endometriosis and uterine leiomyoma with interventional radiology : A review of current evidences
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ZhouJ, HeL, LiuP, DuanH, ZhangH, LiW, et al. Outcomes in adenomyosis treated with uterine artery embolization are associated with lesion vascularity : along-termfollow-upstudyof252cases.PLoSOne2016;11:e0165610.
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De Bruijn AM et al. Uterine artery embolization for the treatment of adenomyosis : asystematic review and meta-analysis . JVascIntervRadiol2017;28:1629–42.
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NijenhuisRJ et al.Uterine artery embolization for symptomatic adenomyosis with polyzeneF-coated hydrogelmicrospheres : three-yearclinical follow-upusing UFS-QoLquestionnaire. CardiovascInterventRadiol2015;38:65–71.
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BaeSH, KimMD, KimGM, LeeSJ, ParkSI,Won JY, et al. Uterine artery embolization for adenomyosis : percentage of necrosis predicts mid term clinical recur-rence.JVascIntervRadiol2015;26:1290–6.
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RoopS, PatelS, ZhangM, TranV, BoucherLM, ReinholdC, et al. Uterine artery embolization for adenomyosis : a review of imaging, techniques, complications and outcomes. Curr Obstet GynecolR ep 2023;12:186–97.
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Fusun Sirkeci et al. the FEMME Trial Collaborative Group . Artery embolization (UAE) or myomectomy for women with uterine fibroids wishing to avoid hysterectomy: The FEMME randomized controlled trial.
ADENOMYOSE